Pourquoi PPR veut se séparer de la Fnac

Publié le par section syndicale FO FNAC 91

Pourquoi PPR veut se séparer de la Fnac
Julie de la Brosse -  24/11/2009 18:28:00 
Reuters/ Eric Gaillard
 

Dans un article du Wall Street Journal, François-Henri Pinault a dévoilé son intention de céder "le plus tôt" possible la Fnac et Conforama. Si la stratégie de PPR de se recentrer sur le luxe et la mode est connue depuis longtemps, cet empressement affiché peut surprendre.

"Le plus tôt serait le mieux", c'est avec cette précision que François-Henri Pinault, le président de PPR, a annoncé au Wall Street Journal vouloir se séparer de ses grandes enseignes de distribution, Conforama et la Fnac, pour se concentrer sur le luxe et la mode.

Cette volonté affichée d'aller vite surprend. Le groupe a d'ailleurs publié un communiqué pour affirmer qu'il n'y avait "à court terme" aucun processus de vente ou de mise en bourse de ces deux filiales. L'article du Wall Street Journal n'en corrobore pas moins les rumeurs qui circulent depuis plusieurs années déjà. Le mois dernier, Challenges annonçait déjà la vente prochaine des trois enseignes du pôle distribution, la Fnac, Conforama et Redcats (La Redoute). Il citait alors un porte-parole de PPR : "ces sociétés ne s'inscrivent pas dans notre stratégie fondée sur des marques mondiales d'équipement de la personne présentes sur des marchés grands publics ou de luxe ".

Il s'agit là d'un virage très important pour PPR qui réalise plus de la moitié de son chiffre d'affaires -20 milliards d'euros en 2008- dans la distribution. Mais si les mauvais résultats de Conforama ou encore de la Redoute peuvent facilement expliquer la volonté de PPR de s'en séparer, vendre la prestigieuse enseigne Fnac paraît plus surprenant.

Au troisième trimestre, la Fnac a été le seul des six pôles du groupe à bénéficier d'une légère croissance de ses ventes, avec une hausse de 0,4% à 977 millions d'euros malgré "une conjoncture difficile". En France, les ventes en ligne de la Fnac ont grimpé de 17%.

Première filiale du groupe, la spécialiste des produits culturels représente en effet plus de 20% de l'activité globale de PPR. Certes, elle connaît des difficultés en raison notamment de la chute des ventes de CD et DVD. Début 2009, alors qu'elle doit faire face à la dématérialisation du disque, de la vidéo (et bientôt du livre), l'enseigne est même obligée de licencier 400 personnes et de mettre en place un plan d'économies de 3 millions d'euros. Au premier semestre 2009, elle souffre encore avec un chiffre d'affaires en baisse de 5% à 1,9 milliard d'euros. Il n'empêche. Elle affiche toujours l'une des meilleures rentabilité de la division distribution du groupe. "C'est une des seules enseignes du groupe qui n'a pas vu sa rentabilité se dégrader pendant la crise", explique un analyste. Depuis presque 10 ans, sa marge opérationnelle oscille ainsi autour de 3,5% 4%. De leur côté, Conforama et Redcats font pale figure. Elles ont respectivement vu leurs ventes plonger de 10 et 15% au premier semestre 2009 et leurs perspectives sont encore plus sombres. La Redoute est considérablement fragilisée par les géants de l'habillement comme H&M et Conforama a depuis longtemps été dépassé par Ikea...

La vente de la Fnac est-elle vraiment inévitable? "Ce qui est sûr c'est qu'il n'y a aucune urgence", assure un analyste du secteur. En revanche, l'enseigne se heurte à la nouvelle stratégie du groupe qui se veut résolument mondiale. "La distribution présente une grande faiblesse : c'est un secteur qui ne peut être facilement développé à l'étranger", explique François-Henri Pinault au Wall Street Journal. Et d'ajouter "nous voulons transformer le groupe en quelque chose de plus homogène ". Homogène et surtout plus rentable. Selon le Wall Street Journal, la division luxe de PPR affichait au premier semestre une rentabilité de 18,6% contre seulement 1,7 à 3,3% pour la branche distribution.

C'est donc moins l'état de santé de la Fnac que la volonté de François-Henri Pinault de remodeler totalement l'empire construit par son père qui explique la décision de s'en séparer. Dès son arrivée aux manettes en 2005, l'héritier se montre déterminé à transformer le groupe en un ensemble cohérent dédié au luxe et à l'équipement de la personne. En 2007, il procède ainsi à l'acquisition de 63% de l'équipementier sportif allemand Puma. Et aujourd'hui, l'heure semble être venu de franchir une nouvelle étape: "le groupe devait accélérer le mouvement de l'internationalisation pour justifier cette stratégie aux yeux du marché", explique un analyste. Un moment d'autant plus opportun que les marchés financiers recouvrent santé et confiance. La semaine dernière, PPR a d'ailleurs lancé l'introduction en bourse de sa filiale CFAO. Ce conglomérat spécialisé dans la distribution automobile et pharmaceutique en Afrique, lui aussi l'une des filiales les plus rentables du groupes, avec une marge opérationnelle de 9,3% au premier semestre, va donc bientôt quitter le groupe.

Comme la cession de CFAO, celle de la FNAC "n'a pas uniquement pour objectif de désendetter PPR mais aussi probablement de racheter les parts minoritaires de Puma ou de faire d'autres acquisitions dans le luxe", commente un analyste. Il envisagerait aussi d'investir dans le sport, notamment la randonnée et le skateboard ajoute le Wall Street Journal, afin de créer une unité de grande consommation.

Toujours d'après le quotidien américain, PPR pourrait retirer entre 4 et 5,9 milliards de la vente de la FNAC et Conforama. Reste à savoir qui seront les repreneurs. François-Henri Pinault disposerait d'une liste de 20 acheteurs potentiels, dont il n'a pas dévoilé l'identité, indique encore le WSJ. Mais la piste de l'introduction en bourse ne serait pas non plus exclue.

http://www.lexpansion.com/economie/actualite-entreprise/pourquoi-ppr-veut-se-separer-de-la-fnac_208671.html

Publié dans La revue de presse

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